1er JOUR : DÉCOUVERTE DU CHANTIER...
Lundi 10 octobre 2011.
Je découvre le chantier de 600 m², dont les fouilles ont débuté en 2009. Je participe donc à la dernière session de 3 semaines de la 3e saison.
La zone de fouilles comprend en 2011 :
- le tracé de l'égoût avec une cave du XVIIe siècle (cave qui s'est révélée être, nous le comprendrons plus tard, un bassin)
- les lavoirs des lavandières
- une zone d'habitat
- la cuve de la tannerie
- le puits d'eau douce pour la phase de rinçage
- une cuve de teinturier du XVIIIe siècle
Vue d'ensemble de l'Îlot Cygne : désormais, vous comprenez pourquoi cela s'appelle un chantier...
A proximité de la zone de fouilles sont installés un atelier pour enfants et un four de potier reconstitué à l'échelle 1/3, datant du XIVe siècle.
Au-dessus du chantier,un bâtiment est repérable du haut de ses 9,50 mètres : il s'agit du séchoir baptisé la Maison des Arbalétriers, en raison des débordements de son toit.
Déjà vu ? Y aurait-il un bug dans la matrice ? En effet, c'est encore la Maison des Arbalétriers.
En retrait se trouve, pour finir, "La fabrique", qui est en fait la maison la plus ancienne de la ville connue à ce jour. Elle s'ouvre sur l'ancienne rue de la Poissonnerie. Sa charpente originelle a été analysée par un dendrochronologue qui a pu en faire la datation précise grâce à des prélèvements d'échantillons de bois coupés. Son verdict : 1482 ! Sur un des murs, une inscription a été découverte : "21 janvier 1871". Pour les passionnés d'histoire, cette date correspond au Siège de Paris (20-26 janvier 1871) qui eut lieu durant la guerre qui opposa la France à la Prusse. Pendant ces six jours, Paris subit les bombardements prussiens et reçut 32 000 obus dont 4 000 sur le seul Fort de Briche de Saint-Denis ! Au soir du 26 janvier, la France signait l'armistice. Deux mois plus tard, le 18 mars, les Parisiens qui refusaient la reddition, instaurèrent la Commune de Paris. Les recherches se poursuivent actuellement pour découvrir l'identité des occupants de la maison, qui participèrent vraisemblablement à ce légendaire mouvement insurrectionnel.
"La fabrique" surplombée par le belvédère à droite - Saint-Denis
© Tiphaine R.
Ce lieu chargé d'histoire s'est vu attribuer le statut de CIAP (Centre d'Interprétation de l'Architecture et du Patrimoine ). A cette occasion, elle a été baptisée "La fabrique" puis, plus prosaïquement, "le champignon", en raison de son revêtement blanc à pois rouges. Je m'en remets à l'OCIM (Office de Coopération et d'Information Muséales) pour définir les objectifs de médiatisation et de vulgarisation scientifique inhérents à un CIAP : "Un centre d’interprétation a pour ambition de fournir au public des clés de lecture d’un patrimoine, naturel ou monumental, archéologique ou industriel, voire d’un ensemble urbanistique ou environnemental (...). La valorisation que suggère l’idée même d’interprétation repose sur des aménagements muséographiques singuliers et des médiations particulières".
En savoir plus sur "La Fabrique" et sur l'Îlot Cygne
Au micro, Nicole Meyer-Rodrigues, directrice de l'Unité d'archéologie de Saint-Denis, Patrick Bouchain, architecte et concepteur du lieu ainsi que Pierre Quay-Thévenon, maire adjoint à la culture :
Sur cette vidéo, vous pourrez aussi avoir un aperçu de l'atelier d'initiation à l'archéologie destiné aux enfants. Et, en bonus, les archéologues, Jean-François et Lucie en tête, pelles et seaux à la main !